Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Confessions d'un énième connard
14 janvier 2008

1/ Au début

Elle vient me réveiller. Enfin! Moi qui attendais ça depuis plus de sept mois. Depuis que j’avais décrété ce canapé comme mon coté de lit conjugal et ce salon comme ma partie de chambre commune. J’attendais ça depuis longtemps. Quelques minutes encore avant ce réveil, j’y pensais. J’espérais. Le fait qu’elle vienne me réveiller, pour moi, c’est plus qu’un simple geste, qu'une attention envers moi. En le faisant, elle s’engage. C’est ça que j’attends depuis si longtemps. Une manière de me dire qu’elle me suit, qu’elle me fait confiance. Elle semble enfin faire un pas vers moi. Elle ne l’avait jamais fait avant. Ses yeux ! Mon dieu, ses yeux ! Je ne les ai jamais vu aussi beaux. En les voyant, j’oublie instantanément tout ce qui nous a amené à cette situation. Mes conneries, les siennes. Les souvenirs des sept dernières années passées ensemble, tous mélangés. Ça doit ressembler à ça quand on meurt. Toute une part de votre vie qui vous défile dans la tête en un rien de temps. Des souvenirs qui passent comme des balles de mitraillettes, tous dans le désordre. Des bons et des mauvais, sans distinction, tous sont ramenés à valeur égale en cet instant. L’instant où j’ai mes yeux, toujours endormis, au fond de ses deux pupilles. Et j’attendais ça depuis vraiment trés longtemps. Depuis que j’ai quitté notre lit pour un clic-clac d’inspiration chinoise au rez-de-chaussée. Elle ne m’avait pas retenu. Et le lendemain, en me demandant pourquoi j’étais venu dormir ici, je lui ai répondu que je ne me sentais pas bien, sans jamais en dire plus. Quand on arrive à justifier le fait de quitter le lit, après avoir fait l’amour, pour dormir devant la télé, on peut tenir de décembre à juillet sans jamais préciser le fond de ses sentiments. Ce non-dit a tenu même aprés qu’elle se lasse de faire semblant de s’inquiéter. Elle trouvait toujours une bonne raison de ne pas trop s’en soucier. Elle ne semblait plus avoir envie de se battre pour moi. C’est ce que je pensais jusqu'à ce qu’elle vienne, là, tout prés. Qu’elle me touche du doigt. Qu’elle me sorte de ma léthargie. Qu’elle nous sorte de cette agonie naturelle, sans faille, indolore, que certaines personnes âgées subissent en partant dans leur sommeil. Quelque chose d’inexorable. Elle avait décidé de casser cette destinée en se présentant devant moi, comme ça, avec ces yeux là. Je ne peux que prendre ça pour une volonté de sa part de nous sauver. J’ai à nouveau envie d’y croire, comme j’y avais toujours crus, avant. Avant de perdre la foi. Je suis entré dans la vie de couple avec elle comme on entre en religion. J’avais pour elle, enfoui au fond de moi, une véritable profession de foi. Et elle est devenue ma madone, mon arche d’alliance. Tout le parcours initiatique d’un moine, allant même jusqu’au veux de chasteté. Mais ça, c’est l’évidence quand on vie à deux : on ne baise plus, sauf pour essayer que le père et le saint esprit fassent le fils. On ne touche plus au fruit défendu (Il fini par bien porter son nom) que pour faire venir le divin enfant. Amen ! Tout ça, elle ne le sait pas. Ma profession de foi, ma considération pour elle, je ne lui ais jamais dit, jamais montré. Il faut qu’elle le devine. Qu’elle le comprenne à demi-mot. L’aurait elle enfin compris ? Elle avait envie de venir vers moi. Elle, penchée sur moi, dans sa petite tenue de secrétaire comptable, elle viens, de sa main douce, réveiller le parjuré, celui qui avait fait vœux de rester prés d’elle coûte que coûte, le menteur isolé sur son radeau/futon, prostré comme un con, la tête dans les cousins. Elle devient soudain le pardon divin, et moi le péché d'orgueil. Et j’avais besoin de ça depuis longtemps, qu’elle descende sur moi pour me sauver. De voir ses yeux, de comprendre son geste, tout ce qu’elle vient de faire, tout ce qu’elle vient de me dire sans même ouvrir la bouche, juste du bout des doigts, je prend tout ça dans la gueule sans pouvoir répondre. Dans cette seconde, plus rien d’autre ne compte à mes yeux que le vestige de notre couple, tremblant, amoindri, mais encore à moitié debout à mon chevet. Mon envie de la quitter s’est envolée à ce moment là ; finalement, je ne me suis barré d’en haut uniquement que pour la faire chier ! Mon envie de la tromper, disparue ; je n’ai jamais pu coucher sans aimer, et je n’ai jamais aimé qu’elle. J’en ai mal au ventre tellement j’ai du bien au fond de moi. Ce réveil, j’ai du le rêver des centaines de fois. Des milliers de fois. J’ai due l’attendre depuis bien avant tout ça. J’en rêvais bien avant que je ne quitte la chambre, donc plus de sept mois. Bien avant qu’on ne vienne dans cet appartement, donc plus de deux ans. Bien avant que l’on ait notre fille, donc plus de trois ans. Bien avant que l’on n’emménage au sous-sol de chez mes parents, donc plus de cinq ans… C’était la seule chose que j’attendais d’elle. Ce message par les gestes. Cette attention particulière. Avec ses grands yeux verts, ou marron, ça dépend de la météo, elle me sourit timidement. Je la vois et je sais que je l’aime, malgré tout ce qui a pu nous déchirer. Elle ouvre la bouche pour me parle doucement. J’aurais tué pour l’entendre à nouveau me parler avec autant de douceur. A chaque fois qu’elle me parle comme ça, je l’écoute. Je ne peux rien faire d’autre. Ce ton là, la mélodie que sa voix prend quand elle me parle comme ça, je sais que ce n’est destiné qu’à moi et à personne d'autre. Elle me parle et me dit qu’elle s’est enfin décidée à me quitter.

Ça, c’était il y a trois ans.

Publicité
Publicité
Commentaires
J
enfin tu te lance, non pas dans un livre mais blog,<br /> continue comme ça.
M
Salut à toi Kali!<br /> <br /> Je n'en suis qu'à la lecture de ce premier texte mais déjà je le trouve très beau et plutôt bien écrit (quel sérieux pour un grand déconneur connard!).<br /> A suivre attentivement...<br /> <br /> Bisous. Joh.
M
Et bien cher ami,<br /> <br /> Je m'attendais à tout sauf à cela... effectivement cela ressemble à des confessions, effectivement cette confession vient d'un connard que tu es, mais rassure toi cher ami, nous le somme tous ! Tu as, sâches-le, réussi à faire taire cette présence un peu trop présente à mon goût, la télé... J'ai commencé la lecture de ce merveilleux et très touchant texte avec un Fogiel énervé à l'écran... plusieurs fois je me suis surpris à lui dire "tais-toi ! merde, je lis" a ses oreilles sourdes d'animateur télé. Alors, j'ai tout bonnement éteint la télé, et là le calme, le vrai, le bonheur pour faire une bonne lecture. Je tiens alors à te féliciter, bravo cher ami, ce texte est beau et c'est rare de nos jours. Il est d'autant plus beau qu'il est intime, donc très juste ; on arrive même à sentir les frottements de ce doigts pas vu depuis 7 mois, tout comme toi ! ça donne la chair de poule. Mais il faut que tu sâches une chose cher ami, ces histoires sont faites pour apprendre... C'est toute l'histoire de la vie d'apprendre tu sais, et bizarrement comme à l'école quand on finit une leçon, on a rarement envie d'en refaire une autre derrière, on préfère potaser celle que l'on connait déjà. Mais cher ami, n'est-il pas bon de se mettre en danger et de réouvrir son livre et d'entamer une nouvelle leçon, oui on a très peur de l'échec mais on à des acquis de la leçon précédente, donc on fera moins de faute... Et puis pour ma part je trouve que tu as conclu une bien belle leçon, tu as donné la vie à la plus belle des petites princesses. Alors oui tu as déconné comme tout le monde, mais ce n'est pas la fin de celui-là. Ouvre un nouveau chapitre cher ami, et tâche de ne jamais écrire de texte avec le fin cette fois-ci... Je t'embrasses fort !
G
me revoila enfin mon ami pour te souhaiter une bonne année c'est déjà ça !!<br /> je connais le site ou on peut faire ses aveux sans passer par le confessional mais je ne connaisais par cet endroit où j'ai pû recontrer freud.<br /> je ne sais ce qui t'a pousser à faire ce texte, a tu été touché par la garce de dieu? je ne sais pas.<br /> ce qui m'embète le plus c'est de repenser à ces momments la et me dire qu'ils auraient pu être éviter, il suffit des fois de se sortir les doigts du cul ( la je parle de moi bien sur ) et de regarder plus loin que son nez, de prendre ses responsabilités ( encore moi ) de faire des choix au lieu de rester couchr sur le canapé. félicitation tu as le " paradis " au bout du chemin
T
J'ai du retard dans mes lectures, mais tu vois que tout arrive!<br /> Des connards comme toi je veux bien en croiser tous les jours!<br /> Vivement la suite de ces confessions.<br /> <br /> Cassandre.
Publicité
Archives
Confessions d'un énième connard
  • Si seulement on avait tous en tête la liste de tous nos defauts et nos qualitées. Une liste noir sur blanc de tous nos points fort et points faibles. Un regard porté sur nos aptitudes. Un certain recule sur nous-même. Un brin d'humilité.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité