3/ Un regret de plus
J'arrive à ne voir que tes yeux. Putain, je m'en veux. Pas de bowling, pas de soirée pour moi. Juste un dîner chez ma cousine à la place. Et quand je repense à tes yeux, à ton sourire, le sourire le plus honnête que j'ai jamais vu. J'arrive plus à me concentrer. J'aurais tellement aimé vous suivre, toi et les autres. Le lendemain, j'avais qu'une envie, passer la journée à coté de toi. Toute une journée à parler boulot à des collègues qui nous prennent pour des suppôts de Satan. On prend un concept de magasin qui fonctionne depuis plus de 50 ans, on le rend plus grand publique, moins élitiste, de fonctionnement plus léger, on crée une nouvelle franchise du groupe, et tout ceux qui décident d'intégrer ce nouvel el dorado sont considérés comme des traîtres. La mission du jour, un speed dating professionnel: tout le monde reçois un collègue à sa table pour lui parler de son expérience dans la nouvelle chaîne de magasin. Chaque département venu faire son VRP « bonnes intentions ». Et même le voyage en train. Comment j'ai fait pour le manquer. Putain de RER en retard. 3 heures de routes tout seul, si j'avais su à ce moment là que t'étais dans le train 30 minutes devant. À peine le temps de se croiser du regard au bar, à mon arrivé. Juste le temps de savoir que devant toi, devant tes yeux, je n'arrive pas à tenir. Toutes mes leçons de maîtrise de soi partent en une seconde. À peine le temps de boire un verre que je dois partir voir ma cousine, et toi, la soirée restaurant-bowling-amusement-hotel élaborée par la maison mère pour tous les invités en Avignon. Alors pouvoir passer la journée à coté de toi, ma table à coté de la tienne, mon rencart professionnel à coté du tient. Je n'ai plus que toi en tête. Même au retours. Visiblement vous étiez tous ensemble à l'aller, alors pourquoi tout le monde est éparpillé au retour? Entre ma place voiture 5 et la tienne voiture 8, il y à notre collègue du rayon disque voiture 6, mon ancien collègue devenu assistant responsable des produits techniques et ta collègue responsable livres en voiture 7. J’avais qu'une envie, te rejoindre. Je ne sais même pas pourquoi, mais pouvoir encore te faire rire, juste encore un peu. Ma valise dans une main, mon sac dans l'autre, tout le monde sort du train et on se retrouve sur le quai. On se dit au revoir et c'est le dernier moment ou je suis proche de toi. Je n’arrive simplement pas à te dire ce que je ressens. Ce qui n'est rien pourtant. Juste une attirance. Une simple envie d'être avec toi. J'aimerai que tu le comprennes sans que je te le dise. J'aimerai que toi aussi tu en aies envie. On se quitte tous après que toutes les cigarettes soient consumées. Toutes sauf la tienne. Tu es là, seule en train de tirer une dernière taf et je m'en rends compte quand je suis déjà dans l'escalier poussé par les voyageurs alors que tu écrases ton mégot consciencieusement avant de le jeter dans la poubelle. Je ment, y avait pas tant de monde que ça derrière moi. J'aurais pu revenir sur mes pas. J'aurais pu revenir et te demander d'aller boire un verre. Au moins te le demander. Pouvoir te voir encore sourire, sourire à ma gène. J'arrive pas à oublier ton sourire si honnête et tes yeux si profonds. Je n’arrive pas à sortir ça de ma tête depuis hier alors que j'ai ce 3ème chapitre à finir.